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Affichage des articles du juillet, 2018

28 : J'ai vu

Poème dédié à un bel ouvrier venu chez moi faire des travaux. J'ai vu Kévin, jeune ouvrier du bâtiment – très bien bâti ! Il éveilla ma sympathie, Me rendant tout émoustillé... Il plaisantait, chantait, riait, heureux de vivre, il travaillait sans se soucier de ma présence, pas plus que de mes espérances... J'ai vu ses mains déjà marquées par le rugueux travail manuel. J'avoue que j'aurai bien aimé être manipulé par elles... Sentir ses doigts noircis, rongés, se poser sur ma peau plus claire.. Je suis perdu à y songer, la bouche bée, embrassant l'air... J'ai vu ses bras aux muscles gros, dont l'un entièrement tatoué, œuvrer à de sérieux travaux. Pour des légers, seraient-ils doués ? Ils m'emporteraient tout fougueux ! pour un audacieux tête-à-tête (pouvant déraper – tête-à-queue) où chacun serait à la fête. J'ai vu sa braguette entrouverte, avec un bourrelet saillant. On eut dit qu...

27 : Stop !

Juste comme ça, je te dis un truc important, c'est que j'envisage sérieusement d'arrêter le lycée... J'aurai 16 ans début septembre, donc c'est possible. Cette année a été pénible d'ennui et je ne me vois pas trop reprendre ce cirque qui ne m'intéresse pas plus que ça, de moins en moins à plus du tout.  C'est drôle, ça marchait très bien jusqu'à la fin du collège, et puis, arrivé au lycée, c'est vite retombé. Bon, au début, ce fut tout beau, tout nouveau ; mais cet effet n'a pas duré. Je me suis senti usé. Usé par les rituels répétitifs surtout. On se lève tôt, on part s'entasser dans une classe où quelqu'un vient nous expliquer des trucs qu'on doit s'enfoncer dans le crâne, qu'on le veuille ou non. Mais enfonce-toi ce que tu veux mec ! mais moi j'ai pas envie d'être farci par ta came comme une dinde – enfin pas comme ça (TMTC). Et pour quel résultat ? La plupart des beaux esprits qui m'...

26 : Coucher avec Lui

Je vais te raconter ma première fois avec Lui. La première fois où j'ai couché avec Lui. Notre première nuit. La première fois où l'on a dormi ensemble... Heureusement, on n'a tout de même pas fait que dormir, parce qu'avant de t'endormir, ben, tu dors pas. Ça dure un peu ; je sais pas combien de temps... mais ce temps-là, c'est pas du temps, c'est que de la douceur, du calme, du bien être. « Bien être » c'est même pas « être bien », mais être dans un état que tu n'as jamais connu d'aussi bien ! et que tu voudrais ne jamais quitter... Bon, avant d'aller plus loin, il faut que je te dise : c'était ce matin de dimanche, je me suis réveillé hyper tôt, ayant mal dormi (à cause des emmerdes racontés dans le billet précédent). Il devait être 4 heures, 4 heures et demi. Je me suis levé, j'ai bu un verre d'eau gazeuse, et j'ai hésité à allumer mon PC. J'ai pas hésité longtemps et me suis recouché. Et c'est là...

25 : Blocage

La vie d'un ado n'est généralement pas toute rose. Mais enfin, on a déjà assez de problèmes personnels comme ça sans y ajouter en famille ! En fait de famille, la mienne est plus que réduite, mais ça n'empêche pas d'être emmerdé, surtout quand ta vie est dirigée par un vieillard obtus !  Il y a un nouveau règlement de l'Europe qui dit que si t'as pas 16 ans, t'es un morveux qui peut décider de rien, comme d'avoir un compte Twitter. Pour ça, il faut une autorisation parentale ... Si je leur dis que j'ai fait tourner les tables et qu'il n'y a pas de problème, ça risque de coincer. Il faut donc que je demande à mon grand-père. Sauf qu'on est plutôt pas trop sur le même mood ces temps-ci (depuis plusieurs mois, en fait). Je te passe les ragnagnas méprisants en boucle sur « la crise d'adolescence » à propos de tout et de rien, car le plus chaud c'est mes résultats scolaires.  Jusqu'à l'an dernier (et le Br...

24 : les Défauts des Garçons - 2nde partie

À la puberté, le gars qui était mignon comme un cœur, toujours joyeux, prêt à s'amuser et à faire plein de choses (dont beaucoup de bêtises amusantes !), le voilà qui change de tout au tout, physiquement et mentalement. Son joli visage lisse s'est pris une décharge d'acné en pleine gueule ! maintenant toute cabossée ; son petit nez mutin devient un gros groin, et pareil pour le menton ; sa voix douce et chantante a été passée au papier de verre, gros grain, et déraille à tout bout de champs ; il a pris des centimètres, mais pas de la hauteur, car souvent au ras des pâquerettes... surtout pour des vannes douteuses qu'il ponctue d'un rire gras ; il n'a plus d'énergie, sauf pour s'avachir et répondre 9 fois sur 10 à tes sollicitations : « Chais pas... » ; il pue des pieds, il crache, dit des injures méchantes ; il va traîner avec des mecs que t'aimes pas, qui se la racontent et jouent aux hommes ; il bouffe comme un porc (et n...

23 : les Défauts des Garçons - 1ère partie

Que les choses soient bien claires : moi, ce que je préfère chez les garçons, ce sont leurs défauts ! Aussi bien le physique que la mentalité. Il y a déjà tous les petits défauts involontaires. C'était plus évident au collège, car c'est à ces âges qu'il y a le plus de différences (alors qu'au lycée, beaucoup moins). Celui qui a mué en premier et dont les éraillements déchiraient toute résistance à son charme nouveau ; celui aussi qui n'a toujours pas mué et dont le timbre pur est une musique des anges ; celui qui a un appareil, son sourire me charme ; celui qui arbore un duvet sombre, que les autres trouvent ridicule qu'il ne le rase pas, tandis que je le redoute... ; celui qui bégaye, je suis pendu à ses lèvres ; celui qui a un œil pas droit, je n'ai d'yeux que pour lui ; celui qui a un pied ou un bras dans le plâtre, j'ai envie qu'il s'appuie sur moi ou de l'aider en tout ce qu'il n'arrive pas à faire (fantasm...

22 : les jeunes Majeurs

Ne pas grandir. Disons, le moins possible. Déjà, on devient moins beau – même si certains s'améliorent. Mais on devient surtout plus ennuyeux. Quand tu es enfant, tu peux être copain avec n'importe qui, tu rigoles de tout et tout est jeux et plaisirs. Quand tu deviens adulte, tout devient sérieux ! Et c'est la fin de l'innocence.  Quand je vois la tête des jeunes majeurs, ça donne pas envie d'être à leur place. Et le pire, c'est ce qu'ils ont dedans ! Ce sont des hommes ... et surtout plus des gamins, ni même des ados ; et ils le font savoir. Ils s'y croient et se comportent de façon ridicule à jouer les importants, les philosophes, les révolutionnaires ou ceux qui ont tout compris et qui vont sauver le monde, lequel était tout pourri avant eux. Ils pensent penser – des pensées d'adultes. Caricatures... Les uns recyclent des pseudos citations exemplaires, d'autres, plus hardis, se hasardent à en créer... L'effort est louabl...

21 : &$!#%

Les insultes (à peu près toutes) sont ridicules. En plus, il y a souvent avantage à les reprendre à son compte, à les revendiquer. « Enculé » par exemple. Un copain, après un jeu vidéo où je lui avais éclaté la gueule, m'a balancé ça, spontanément, automatiquement, parce que c'est normal, que c'est admis, que c'est courant et qu'on ne voit pas pourquoi ça pourrait poser un problème. Vaincu, il voulait me rabaisser, car il n'y a pas plus bas que ça. Pour un mâle dominant hétéro, c'est la pire honte, et ça, c'est donc imposé à tout le monde (sur la planète et dans l'histoire) qu'être un enculé est une « abomination » – comme dirait sainte Crétine Boudin. Sauf que, quand on l'est vraiment, un enculé, on ne trouve pas ça dégoûtant du tout ! puisque c'est un plaisir, et même un grand plaisir... – askip, car je ne suis pas (encore) initié. C'est pour ça que j'ai répondu : « Si seulement... » Mon pote a éclaté de rire, puis...

20 : Vestiaires - 3ème et dernière partie

La scène de la douche a tourné court. Le peu qu'elle a duré, je suis resté comme un idiot à bien faire attention à ne pas regarder ce que j'avais très envie de voir, et revoir, et m'en sentir tout près... Prêt de craquer ? Faudrait être fou. Et puis, il y avait l'autre. Tant pis pour l'autre ! je le prends avec s'il le faut ; si c'est le prix à payer pour se taper Maël. Ouais, je deviens un peu grossier et délirant. J'aurais voulu t'y voir, nu à côté d'eux (dont lui), nus aussi. Sérieux, ça fait trop. D'un côté, c'est un cadeau de la Providence, de l'autre, un événement accidentel propre à me faire souffrir. D'abord de la tentation, puis du remords de ne pas y avoir succombé. Ils sont partis les premiers. J'ai failli rester à me masturber à la place où IL était... mais j'ai spontanément été happé par son sillage, sans résister ni réfléchir, me laissant embringuer à sa suite, en gardant en ligne de mire s...

19 : Vestiaires - 2ème partie

J'ai vu la scène au ralenti, avec une bande son totalement brouillée, comme si c'était dans l'eau. En un éclair – et quel éclair ! – Maël avait enlevé son maillot de foot et T-shirt pour mettre à jour sa poitrine, son ventre. Tout est bien dessiné. Un peu musclé mais pas trop. On voit bien les abdos quand même. Pas de poils, sauf l'esquisse d'un filet plus sombre, prenant sa source au nombril et descendant tout droit son cours vertigineux vers une luxuriance où l'on ne pourrait que s'y perdre... Les épaules sont solides et forment un très bel ensemble avec les bras, dont les muscles sont bien visibles au moindre mouvement, et Dieu sait que c'est un garçon mouvementé ! Tu m'étonnes qu'il provoque des remous... Je suis happé dedans, dans son sillage, et ne peux plus contrôler aucun cap, déboussolé.  Le visage illuminé par la blancheur de son sourire, face à face, il a abaissé le bas, d'un coup rapide, pour filer dans la foulé...

18 : Vestiaires - 1ère partie

Je te jure que je l'ai pas fait exprès ! Je suis trop peu débrouillard pour pouvoir combiner un truc pareil... Je sais très bien que si j'essaye une stratégie pour ceci ou cela (en séduction), ça foire obligatoirement. Le mieux, c'est de rien faire et d'attendre les événements – technique de lâche (comme mon corps). Bref, j'avais la tête ailleurs, mais je sais pas à quoi. Il est même pas dit que je le savais sur le moment. Tu sais, je suis assez rêveur, et je décroche facilement du réel. Pour aller où ? Le plus souvent nulle part... On y est pas si mal. J'étais mouillé, et sale. Et seul aussi, dans les vestiaires. J'avais pas fait attention et tout le monde s'était douché, changé, cassé. Comme on était le dernier cours du mercredi matin, j'aurai pu rester ainsi un certain temps... si ce n'est que j'ai été tiré brutalement de ma rêverie par des éclats de voix et la porte qui s'ouvrit comme soufflée par une explosion ...

17 : J'aime les cons !

En y réfléchissant, j'aime bien les garçons un peu cons. Un type intelligent, c'est bien comme ami, parce qu'on peut échanger sur plein de trucs et s'apprendre plein de choses. On est complice sans avoir besoin de beaucoup en dire... puisque l'autre sait. Un alter ego comme on dit en latin : un autre moi-même. Or on ne tombe pas amoureux de soi-même ! même chez les narcissiques. Car c'est bien de cela qu'il s'agit... même si : « tomber amoureux » n'est pas si juste ; il faudrait plutôt dire : « tomber sous le charme. » C'est que j'ai du mal à être amoureux. Je l'ai été ! (de Théo) mais depuis, bof. En fait, j'ai plus envie de mes envies que de sentiments. C'est plus compliqué, les sentiments ; il faut gérer. C'est rare que ça matche à deux, pareil en même temps – et plus encore quand tu es gay. Alors que le désir, c'est plus facile et bien plus fréquent. Moi, j'ai du désir pour plein de mecs ! (en réel o...

16 : à la Lettre

Je l'aime bien, Léa. Enfin, comme ça. Je la connais pas trop, en fait. En plus elle est timide, et donc les contacts directs sont peu fréquents. On se voit juste parfois, en groupe, avec Emma. Emma, c'est la matriarche ! On dit ça chez les troupeaux d'éléphants, où il n'y a que des femelles et des petits, les mâles étant solitaires. Moi, je suis son GBF (gay best friend), parce qu'« une fille qui entend peser dans le game se doit d'en avoir un. » C'est elle qui dit ça, mais en rigolant – tout en le pensant un peu quand même, comme souvent ce qu'on dit en rigolant. On est amis depuis la sixième. J'allais dire : bien avant que je sois gay... Évidemment non, mais avant qu'elle le sache. Je lui ai dit en 4ème. Elle a ouvert la bouche, en grand, longtemps, sans qu'un son ne sorte, puis a fini par dire : « J'en étais sûre... » mais ça se voyait trop que c'était pas vrai, qu'elle était surprise et sans doute vexée de pas ...

15 : Aucune Chance

Il y a pire que d'avoir de la peine, c'est d'en faire à quelqu'un. À quelqu'un qu'on aime, ou quelqu'un qu'on n'aime pas. Moi, c'est le deuxième cas.  On va dire qu'elle s'appelle Léa. Elle a mon âge, dans mon lycée ; en seconde, mais pas dans la même classe. C'est une amie à une amie, de ma classe. C'est que, dans ma classe, j'y ai plus d'amies que d'amis. Ça fait cliché gay, mais les clichés sont souvent vrais, en général. C'est déjà que les gars, les vrais de vrais, qui crachent tout le temps, qui rotent et qui pètent, qui font des blagues de cul assez lourdingues, qui rient grassement, qui traitent les autres de « pédé » et « d'enculé » à tout bout de champ, etc, etc... – tu les connais aussi bien que moi – , ils sont pas de ouf après moi. J'ai des copains, et même des amis, voire de grands amis ! (à défaut d'un petit ...) mais voilà, au foot, quand ils font les équipes, je suis tou...

14 : la Barbe

Mon grand-père, il a tout de grand ! à commencer par la barbe. Il ressemble assez au Père Noël, avec le gros ventre, les rides et le rire jovial. Sauf qu'il est roux ; comme moi. Sauf que moi, je n'ai pas plus de rides que barbe. Chez les filles, la frontière , c'est les seins qui poussent. Chez les garçons, c'est d'abord la mue, puis la barbe. Alors, la mue, c'est fait, mais pour la barbe, zéro. J'arrête pas de voir des gamins qui paradent avec leur duvet sous le nez – et qui te le mettent sous le tien, histoire de te montrer que, eux sont des hommes ! tandis que toi, tu appartiens encore et toujours au monde inférieur des imberbes . J'ai quand même un peu de poils sur les mollets, mais ils sont trop clairs pour qu'on les remarque... C'est pas du tout que je veuille être poilu comme un orang-outang, mais au moins le minimum social ! pour pas passer pour un immature. Mature, je le suis plutôt trop, dans ma tête. « T'es trop...

13 : la Boulange rit

Une des choses qu'il faut apprendre, quand tu es orphelin, c'est de ne plus dire : « maman » ni : « papa ». Dans ta tête, tu peux. Je le faisais parfois ; et même en m'enhardissant à plus haute voix, mais pas trop haute non plus : il ne faudrait pas que quelqu'un entende... y compris dans l' autre monde. Ça ferait souffrir inutilement. Et donc, ces mots universels, les premiers prononcés, ils deviennent interdits, ils deviennent des gros mots. « Plus jamais, tu ne pourras les dire, plus jamais il ne le faudra. » Je me suis donc répété cette horrible leçon. Ça s'apprend vite, mais ça ne se maîtrise pas toujours... Petit, il y a des tas de choses qu'on ne sait pas retenir. Alors, il arrive qu'on en laisse s'échapper, malgré soi. Et là, c'est atroce ! Et le plus atroce, c'est qu'il y a (sur le moment) pire que la mort de ses parents, c'est la honte... la honte de cette mort, si ce n'est de ces parents eux-mêmes qui ...

12 : Conquête

« J'aime bien ta bouche » qu'il m'a dit. J'ai cru que c'était une invitation à la plus osée de nos pratiques secrètes... mais, sans attendre de réponse ou réaction, sa main se posa sur ma nuque pour m'attirer à lui, ses lèvres épousant les miennes, et sa langue s'enroulant avec ma langue. Là, j'ai failli tourner de l'œil ! mais c'était pas le moment... Le moment, il était à sentir, précisément, le plus possible, tout ce qu'il y avait à sentir. La simplicité d'être à deux, isolés, protégés ; la proximité d'un corps, son contact, avec ses bras qui me gardaient contre lui ; l'initiative audacieuse d'un mec qui exauce un désir commun ; la douceur et chaleur de ses lèvres, la douceur et chaleur de sa langue. Enfin, j'avais le sentiment d'être possédé, physiquement, et d'être aimé, sentimentalement. C'est que, tout le monde veut être aimé... par la Terre entière ! Sauf que, la Terre entière, je m'en...

11 : Il et l'île

Théo est venu chez moi ; souvent. C'est toujours dans ma chambre que « ça » se passait ; à part quelques fois, ici ou là. Comme cette fois, dans la nature, ayant décidé de passer une journée sur une île, à vélo. Bon, sur l'île, on y a été en bateau... Pendant la traversée, on bougeait tout le temps, partout où on pouvait aller. Théo me courrait après. Ça veut aussi dire qu'il voulait me pécho. J'ai dit : « Pas sur le bateau... » avec un air plaintif. Mais lui, il a eu un petit sourire, en coin, et m'a balancé : « Avec moi, c'est où et quand je veux. » En plus, il l'a dit assez fort. J'ai rougi ; carrément cramé ! mais j'ai bien aimé. C'était de l'émotion. Y a des gens qui pouvaient entendre, qui pouvaient deviner. J'avais pas honte ; enfin, si, un peu ; juste assez pour que ça soit agréable... sans parler que la frontière entre la honte et la fierté est assez mince. J'aurai même été heureux de les choquer, genre en l...

10 : Celui qui aime le plus...

J'avoue que je me suis fait des redifs cérébrales de la rencontre et du dialogue avec le petit mec qu'avait pas froid aux yeux. Bleu clair, les yeux, d'ailleurs ; assez envoûtants. Mais bon, moi, c'étaient les yeux marrons de Théo qui m'importaient – qui m'importaient d'être regardé par. Tandis que lui, il voyait plus large, plus loin ; ailleurs, quoi. « Celui qui aime le plus est l'inférieur et doit souffrir. » J'ai lu ça dans un petit livre ( 1 ) et je l'ai tout de suite noté dans un carnet. J'aime bien noter des phrases ; des bribes un peu plus solides d'un flux mental, lui-même plus informe et insaisissable. J'aime bien aussi noter les pensées des autres ; encore que je me demande si cette phrase est une pensée. C'est d'abord le travail d'un écrivain, et je crois que sa sincérité importe moins que son efficacité. Entre ce qu'il veut dire et ce qu'il va dire, il y a son travail, il y a la li...

9 : Petit effronté

Aujourd'hui, je ne vois plus Théo. Ni en privé, ni en public. Il est parti dans un autre lycée, mais on était séparé avant ; depuis les vacances de Pâques. Ce n'est pas moi qui suis parti. Ce n'est pas lui non plus : il m'a juste jeté. C'est le mot qui convient. Après un an et demi ensemble ! Je ne l'intéressais plus. Il y avait bien un moyen pour l' intéresser encore, mais je n'ai pas voulu. En fait, il voulait faire TOUT ce qui se fait, quand on est en couple... et qu'on est adulte. Sauf qu'on est pas des adultes ! et qu'on a le droit de prendre son temps, de pas précipiter ce qui doit venir naturellement, quand on se sentira prêt, et surtout ne pas considérer l'autre comme de la « viande à plaisir ». L'expression (si gracieuse et délicate) n'est pas de moi, mais de lui. Il l'avait sortie devant moi, en parlant d'un mec trainant dans la cour : « Lui, c'est un put1 de beau morceau de viande à plaisir ...

8 : les Filles

À ce stade du récit, il convient de parler également d'un paramètre de la diversité de cette folle nature environnante, véritable « objet vivant non identifié » : une fille. Lorsque j'écris ceci, je suis rentré au lycée depuis peu, où j'ai plus de copines que de copains. Je ne suis pas efféminé, mais les gars de ma classe, ils ne le sont pas trop : classe ! (sauf un). Bon, je passe sur le festival du bourgeonnement... (on y passe tous) mais ils ne me font pas plus que cela d'effet, étant aussi lourds de corps à bouger que d'esprit à sautiller. Beaucoup d'avachis, peu soignés et grommelant des blagues salaces d'une voix trop grave pour un cerveau encore très collégien. J'aime les gamineries ! mais celles quand j'avais 12 ans, où les trucs sexuels n'étaient pas une préoccupation première (ni même deuxième). Heureux âge où jouer et rigoler très facilement occupait la plupart de notre temps. C'est pour ça que je suis partagé en...

7 : Contre-Nature ?

Pendant que Théo et moi nous emmêlions les pinceaux dans la découverte de certaines pratiques inavouables ici – mais que les amateurs imagineront mieux que je ne saurais les décrire –, la Terre (et oui, rien que ça !), elle continuait de tourner, à son rythme, sans guère de considération pour nos petites affaires, lesquelles n'étant de toute façon pas plus que cela disposées à une exposition au grand jour. En fait, cette pauvre Terre, elle erre, ne faisant que tourner en rond dans le vide... Or cette obsession lui a tourneboulé les pôles d'attraction, au point de vouloir que tout tourne rond comme elle. Bon, je m'en moque... mais elle aussi ! et elle a bien raison, car, quand le monde ne tourne pas rond, elle n'y est absolument pour rien. Ce qui y est pour quelque chose, c'est la société des Hommes. Ceux-là, ils sont badasses ! Ils s'ingénient à dévaster la nature, tout en nous expliquant que tout ce qui existe n'en fait pas partie. Comme Théo...

6 : à Touche-Touche

Il s'appelait Hugo, et c'était le plus beau prénom au monde ! Bon, en vrai, il s'appelait Théo, mais je préfère changer, par discrétion... C'est que Théo Vallon, il a son caractère ! et de voir son nom associé à une histoire où il fait le PD dedans... je suppose que ça risque de le rendre plus que vénère.  Alors, et d'une, je n'ai encore rien raconté. Ensuite, c'est pas moi qui ai proposé qu'on se regarde , pour voir. J'imagine que tu auras compris qu'il ne s'agissait pas de se regarder dans le blanc des yeux... mais dans le rose clair de ce que tu imagines également. Bon, cela arrive (plus ou moins fréquemment) que des garçons, en grandissant, veuillent et aillent se comparer. Simple curiosité, sans conséquences. Moins fréquent, c'est de se la toucher... Et là encore, ce n'est pas moi qui ai commencé ! N'est-ce pas monsieur Théo Vallon ! (qui va pas vouloir assumer). Pourtant, sur le moment, il était très c...

5 : Ami émoi

Je ne sais pas si j'ai envie de parler de ça , déjà. Le « ça » dont je parle, c'est l'attirance pour les garçons. Un malheur n'arrive jamais seul : orphelin ET homo... Sauf que c'est un bonheur d'être homo ! à condition d'avoir une carapace de tortue en bon état. Comme disait je ne sais plus qui : « Mieux vaut naître Noir qu'homosexuel, parce qu'au moins, on n'a pas à l'annoncer à sa mère. » (1) Je n'ai pas eu à lui annoncer non plus, même si je l'ai éprouvé depuis toujours, cette attirance. C'est que je ne savais pas que c'était spécial . Tous les petits garçons préfèrent rester entre eux (et pareil pour les filles). Les jeux sont pas les mêmes, et la manière d'être, de parler, et tout. Moi, ça m'allait très bien. Comme les autres, je disais : « PD » pour insulter, sans comprendre ce que cela voulait dire. J'ai fini par le savoir, et j'ai trouvé ça dégoûtant. En fait, c'était le sexe, en ...

4 : Mondes parallèles

C'est marrant quand même comment les adultes ont horreur qu'on soit des enfants ! Ils voudraient qu'on soient toujours dans leur monde à eux, avec leurs codes débiles et incompréhensibles, alors que ce n'est pas du tout ainsi que nous on voit les choses. Chacun son univers, le mieux étant de ne pas se mélanger. Même si, c'est probablement notre sort. « Mange ! ça va te faire grandir. » Ben oui, mais moi, j'ai pas envie. Un peu, mais pas plus que cela. Ma curiosité, elle me pousse à savoir ce que ça fait, d'être grand. Mais ma curiosité, elle ne m'apporte généralement que des ennuis... Mieux vaut rester prudent. Surtout avec ce qu'on ne connaît pas. Or il faut bien reconnaître qu'il y a bien plus de mystères que d'occasions de dire : « Ouais, j'connais... » avec un air supérieurement blasé. Faire le blasé, à l'école (même au collège), c'est le top. On peut rien faire contre. Mais faut pas en abuser, surtout avec t...