27 : Stop !
Juste comme ça, je te
dis un truc important, c'est que j'envisage sérieusement d'arrêter le
lycée... J'aurai 16 ans début septembre, donc c'est possible. Cette
année a été pénible d'ennui et je ne me vois pas trop reprendre ce
cirque qui ne m'intéresse pas plus que ça, de moins en moins à plus du
tout.
C'est drôle, ça marchait
très bien jusqu'à la fin du collège, et puis, arrivé au lycée, c'est
vite retombé. Bon, au début, ce fut tout beau, tout nouveau ; mais cet
effet n'a pas duré. Je me suis senti usé. Usé par les rituels répétitifs
surtout. On se lève tôt, on part s'entasser dans une classe où
quelqu'un vient nous expliquer des trucs qu'on doit s'enfoncer dans le
crâne, qu'on le veuille ou non. Mais enfonce-toi ce que tu veux mec !
mais moi j'ai pas envie d'être farci par ta came comme une dinde – enfin
pas comme ça (TMTC).
Et pour quel résultat ? La plupart des beaux esprits
qui m'entourent en classe demeurent mornes et sans relief. Heureusement
qu'il y a les corps ! lesquels peuvent en avoir (ici ou là) des reliefs
bien plus captivants pour un esprit éveillé comme le mien. Surtout le
corps de qui tu sais, qui est bien foutu de chez bien foutu... même si
(apparemment) il ne semble être foutu par personne – ce qui est un péché
mortel de laisser la fleur de sa jeunesse se flétrir sans que son éclat
ait été admiré, ni que son doux parfum ait été humé (de près), ni que
son pistil n'ait été butiné.
J'aimais bien ça, en
primaire. Je parle des leçons sur les fleurs et tout. J'aimais bien les
coupes. J'ai toujours aimé ça, bien les regarder en détail. C'est comme
ça qu'on apprend des choses sur les choses. Et ça marche aussi sur les
gens... Au collège pareil. Surtout celles des volcans. Ils me fascinent.
Maël aussi est un volcan ! Et rien que de penser à ses éruptions, j'en
ai fréquemment des tremblements de chair...
« C'est pas ça qui te
fera avoir ton bac ! » Et alors ? Et après ? Moi, c'est son bec que je
veux. Ou son boc (beau c...). Ou son Bic, parce que lui demander un
stylo, c'est déjà lui parler, et entendre sa belle voix me répondre avec
douceur : « Tiens poto, j'ai un bleu si tu veux. » Eh mec, tu veux
vraiment qu'on parle de ce que je veux ? En tout cas, voilà un stylo
dont je vais négligemment sucer le bout... Enfin bref, le coup du stylo
c'est une métaphore (même si ça n'est qu'à moi que ça fait quelque
chose). Tu connais la chanson : « Au clair de ma lune... Prête-moi ta plume... »
Oui, je sais bien que je
me fais des idées... mais c'est plus intéressant que les certitudes.
C'est froid et dur, les certitudes, alors que des idées comme je m'en
fais, c'est chaud et souple ; c'est douillet et revigorant ; et c'est
comme ça que je vois les choses. C'est mieux de voir comme on veut. Ça
change tout.
Un jour, mes rêveries de
demi-puceau deviendront concrètes. Ce sera du bonheur, mais encore
meilleur car je m'y serais préparé. C'est mieux, parce que si tu te
contentes d'attendre que ça te tombe dessus, autant apprendre à te
contenter d'attendre... Le bonheur, il se flaire, il se piste. Il
s'attrape par les couilles (pas les tiennes) et tu lâches plus rien !
C'est pas une question d'âge ou de tempérament, mais de survie.
Sauf que moi, je suis
timide en face des gens, et de ce fait, tout ce que je viens de dire ne
compte pas. Sauf pour le lycée, qui donc ne compte plus trop non plus.
Il y a une pièce qui s'est fêlée dans mon moteur, et le mieux serait
d'arrêter cette course (truquée) plutôt que de risquer un accident.
Je ne suis pas inquiet.
Il y a des tas de choses à faire sur Terre que de marcher en rang.
En fait, j'ai arrêté le lycée à la fin de cette année-là de première, laquelle fut un peu pénible au plan scolaire. Et depuis, tout va bien !
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