18 : Vestiaires - 1ère partie
Je te jure que je l'ai
pas fait exprès ! Je suis trop peu débrouillard pour pouvoir combiner un
truc pareil... Je sais très bien que si j'essaye une stratégie pour
ceci ou cela (en séduction), ça foire obligatoirement. Le mieux, c'est
de rien faire et d'attendre les événements – technique de lâche (comme
mon corps).
Bref, j'avais la tête
ailleurs, mais je sais pas à quoi. Il est même pas dit que je le savais
sur le moment. Tu sais, je suis assez rêveur, et je décroche facilement
du réel. Pour aller où ? Le plus souvent nulle part... On y est pas si
mal.
J'étais mouillé, et
sale. Et seul aussi, dans les vestiaires. J'avais pas fait attention et
tout le monde s'était douché, changé, cassé. Comme on était le dernier
cours du mercredi matin, j'aurai pu rester ainsi un certain temps... si
ce n'est que j'ai été tiré brutalement de ma rêverie par des éclats de
voix et la porte qui s'ouvrit comme soufflée par une explosion ! Deux
silhouettes déboulèrent en rigolant. C'était Maël et un autre – pas la
peine de s'attarder sur l'autre, vu qu'en présence de Maël, tous les
autres ne sont que des autres.
« La prochaine fois... »
a dit Maël. « Il n'y aura pas de prochaine fois ! » a coupé l'autre.
Maël est un compétiteur : « Sérieux, on peut mieux faire. » Il aime
pousser les limites de ses capacités. « Sans moi. » Maël lui répondit
en jouant le mépris provocateur : « Petit joueur... » « Balec ! Moi
c'est mort. Ben tiens, ajouta-t-il en me désignant, t'as qu'à demander à
Octave. » « Octave ? » s'étonna Maël, tout en me découvrant, assis dans mon
coin. « T'es pas encore parti ? » « Il t'attendait... » a persiflé
l'autre, lequel semblait connaître mes goûts, en général comme en
particulier. « C'est vrai, tu m'attendais ? » enchaîna mon héros le plus
innocemment du monde. Il est un peu nunuche, pour un héros, mais ça je
te l'ai déjà dit, et aussi que ça fait partie de son charme. « Non, non,
ai-je répondu. Je crois que je me suis à moitié endormi. » Et l'autre
qui se crut spirituel de renchérir : « Toujours dans la lune
Octave... Tant que ça reste dans la sienne ! » Maël m'a fait une mimique
du genre : « L'écoute pas, il est débile. » Et puis, les yeux dans
les yeux, avec cette candeur qui le caractérise : « Tu viens, on va se
doucher. »
(Voir la suite : texte 19)
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