5 : Ami émoi
Je ne sais pas si j'ai envie de parler de ça,
déjà. Le « ça » dont je parle, c'est l'attirance pour les garçons. Un
malheur n'arrive jamais seul : orphelin ET homo... Sauf que c'est un
bonheur d'être homo ! à condition d'avoir une carapace de tortue en bon
état. Comme disait je ne sais plus qui : « Mieux vaut naître Noir
qu'homosexuel, parce qu'au moins, on n'a pas à l'annoncer à sa mère.
» (1)
Je n'ai pas eu à lui
annoncer non plus, même si je l'ai éprouvé depuis toujours, cette
attirance. C'est que je ne savais pas que c'était spécial. Tous
les petits garçons préfèrent rester entre eux (et pareil pour les
filles). Les jeux sont pas les mêmes, et la manière d'être, de parler,
et tout. Moi, ça m'allait très bien. Comme les autres, je disais : « PD »
pour insulter, sans comprendre ce que cela voulait dire. J'ai fini par
le savoir, et j'ai trouvé ça dégoûtant. En fait, c'était le sexe, en
général, qui ne m'attirait pas, et même me faisait peur. Et donc je
n'avais aucun problème à avoir un meilleur copain, avec qui je passais
la plupart de mon temps, pour faire des bêtises ou pour rien faire du
tout, avec qui on se disait tout, y compris des secrets inventés. Dès
que je le voyais, j'avais le sourire, mon cœur battait, et je ne pouvais
m'empêcher de courir vers lui. J'allais chez lui, dans sa chambre, et
il venait chez moi, dans la mienne. On aimait bien. Juste tous les deux.
C'est là que j'ai compris qu'à deux, on est doublement heureux.
Notes:
1 : C'est Sammy Davis Jr (un artiste américain / 1925-1990), selon mon grand-père.
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