22 : les jeunes Majeurs

Ne pas grandir. Disons, le moins possible. Déjà, on devient moins beau – même si certains s'améliorent. Mais on devient surtout plus ennuyeux. Quand tu es enfant, tu peux être copain avec n'importe qui, tu rigoles de tout et tout est jeux et plaisirs. Quand tu deviens adulte, tout devient sérieux ! Et c'est la fin de l'innocence. 

Quand je vois la tête des jeunes majeurs, ça donne pas envie d'être à leur place. Et le pire, c'est ce qu'ils ont dedans ! Ce sont des hommes... et surtout plus des gamins, ni même des ados ; et ils le font savoir. Ils s'y croient et se comportent de façon ridicule à jouer les importants, les philosophes, les révolutionnaires ou ceux qui ont tout compris et qui vont sauver le monde, lequel était tout pourri avant eux. Ils pensent penser – des pensées d'adultes. Caricatures... Les uns recyclent des pseudos citations exemplaires, d'autres, plus hardis, se hasardent à en créer... L'effort est louable, mais le résultat est presque toujours accablant, digne des « miss France ». Je vois ça souvent sur Twitter, et y en a beaucoup qui, les lisant, vont cliquer sur le cœur. Les misères s'agglutinent et j'ai pitié d'eux. Ne te méprends pas : ma pitié n'est nullement méprisante, mais totalement compassionnelle. J'ai la souffrance en horreur, surtout celle des autres, et toute souffrance est digne de considération, même la bêtise. 

Il y en a aussi qui en meurent, de souffrance, de bêtise, en plein élan de la jeunesse. L'air ambiant étouffe, parfois. Le ciel est trop haut, l'horizon trop loin et l'on est si petit. Crois-moi, j'ai les larmes aux yeux en écrivant cela. 

Les jeunes majeurs ont des idées politiques. À droite : beaucoup de passéistes égoïstes. À gauche : des tas d'excités inconscients. Tous sont intolérants. Ce ne sont que des pantins aux mouvements de la pensée commandés par des grosses ficelles qui s'appellent des idéologies. Le XXème siècle en fut rempli, de toutes sortes, et elles ont fait des dizaines et des dizaines de millions de morts... Mais ça ne leur a pas suffit. Alors ils te disent qu'il faut que ça change ! qu'il faut signer la pétition ! qu'il faut manifester ! Et puis, surtout, il faut insulter. Tous ceux qui se disent dans « le bon camp » aboient contre l'autre, la bave haineuse aux lèvres, parce que les salauds d'en face ne sont pas du même côté de la barrière. Moi je dis que lorsqu'il y a une barrière, les deux côtés sont mauvais. Je n'aime pas la compétition, ni la rivalité. J'aime l'émulation et l'entraide. J'aime que les courageux puissent épanouir leur talent, mais que d'autres moins disposés ne soient pas rabaissés. Et puis je dis encore que je préfère me taire.

Que ce soit socialement, politiquement ou sentimentalement, chacun (chez les jeunes majeurs) prend ses distances, que ce soit avec d'autres gens (y compris de ses amis), ou avec soi-même. Dénigrer ce qu'on était, il n'y a encore pas si longtemps, est un sport très répandu sur les réseaux. Dénigrer tout court, tout et n'importe quoi, aussi, remarque. C'est à qui poussera l'autre le plus loin dans la zone aride des préjugés. Dans le même temps, celui (réel ou imaginaire) qu'on voudrait plus proche restera inaccessible. Je ne sais pas pourquoi c'est comme ça. « Tu comprendras quand tu seras plus grand... » Bwaaah.

Commentaires

  1. J’espère qu’un jour tous tes textes seront publiés. D’aucuns jonglent merveilleusement avec les mots, mais leur discours reste creux. Toi aussi, tu jongles fantastiquement avec eux, mais ils révèlent un trésor de pensée.

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