32 : Billet d'humeur (mauvaise...)

Ouais, un "billet d'humeur", mais pas de bonne, et donc pouvant plomber la tienne, et donc tu peux en rester là – surtout si ça ne va pas trop pour toi non plus.

Ça sert à quoi d'être en colère ? À faire le malin à le raconter ? Pour se faire plaindre ? Je veux pas qu'on me plaigne. Je ne veux rien... à part ne plus être ne colère ! mais ça, faut pas trop y compter, vu que je suis colérique. Je grimpe vite, mais redescends pareil. C'est fatiguant... pour moi et les autres – qui me fatiguent aussi. Là, ça fait plusieurs jours que ça dure. Et je trouve ça pénible. Ma colère me met en colère. C'est pas les mêmes colères, mais ça s'empile, et ça empire. J'ai même envie de rien pour compenser – déjà que je bois pas, ne fume pas et ne prends pas de drogue. Il me reste : bouffer plein de conneries (j'ai pas faim), commander des trucs bizarres en ligne (pfff) ou sortir me changer les idées (couvre-feu). Pourquoi en changer ? Pour aller mieux ? Sauf qu'on va comme on est et le présent est têtu. Le passé, j'en parle pas, et le futur ne m'excite pas. Alors, le mieux, c'est encore le présent – au moins, il fait pas chier longtemps.

Mon point de vue, c'est pas un bon point de vue. On n'y voit pas bien, de là où je suis. C'est pour ça que je me cogne partout, à n'importe quoi, quand j'essaye d'avancer. Et même quand je ne bouge pas... C'est que ça bouge autour. Ça tourne, ou ça part en zigzag. Tu vois bien que c'est énervant.

J'en ai un peu marre d'être gay aussi. C'est pas si gai que ça. Le milieu, c'est beaucoup d'artificiel, de superficiel, d'excitations débiles pour des futilités. Or les gens sérieux ne sont pas mieux... surtout ceux qui ont des choses à dire ! et des causes à défendre. Des poncifs, généralement, remâchant les âneries de l'air du temps. Il sent pas bon cet air. Et ça ne va pas s'arranger, avec toutes ces pensées prémâchées et souvent totalitaires. Vive la liberté ! et restez à distance. JPP des # qui dénoncent ou revendiquent. Les "bonnes causes" ne sont que des jouets pour occuper du vide. On s'en lasse, et on en prend une autre ! plus à la mode. Il y en a tout le temps ; le stock est inépuisable. 

(Presque) tout le monde se plaint... ce que je fais aussi, ici et maintenant, mais moi c'est pas trop souvent. Beaucoup sont malheureux, c'est sûr, et c'est très triste, et j'essaye d'aider quand je peux. Beaucoup sont capricieux, aussi. Y a des gays fatigants. Bon, mais je précise que, même les plus écervelés, je les trouve attendrissants, malgré tout. Ça reste la commu.

Je vais pas dire pourquoi je suis en colère depuis plusieurs jours, car ça ne regarde personne. Inutile donc de venir me dire ceci ou cela – au cas où. J'ai l'habitude de gérer seul les embrouilles. Pourtant, je vais publier ça, le partager avec un happy few qui aura bien voulu le lire. Ça va te décevoir si tu pensais lire un truc marrant ou excitant. Oui mais là je fais pas de littérature – juste de la rature. C'est un mouvement d'humeur – plutôt calme par rapport à ma colère. Un exutoire, sans doute. Je ne suis pas sûr que ça m'intéresserait, à ta place. Sauf peut-être de voir où je veux en venir, comment ça va finir. Mais ça va pas finir ! Du moins, pas ce soir. Qui sait, demain peut-être ? Mais pour combien de temps...

Heureusement, il reste le ronronnement des chats.