34 : Les Grosses Montres
Tu te souviens des grosses montres ? Celles qu'on avait au collège – que certains (peu évolués) ont continué de porter bien après, ce qui est touchant. Elles étaient mastoc, en plastoc, paraissant énormes sur nos poignets frêles. C'était un artifice pour affirmer sa virilité, genre commando, ou pilote d'avion, ou je ne sais quelle source de supers pouvoirs ! Pratiquement tous les garçons en ont, au naturel, des supers pouvoirs... Il leur suffit d'être ce qu'ils sont, tout simplement. Et quand il leur prend de vouloir se mettre en valeur, d'une manière ou d'une autre, ils peuvent facilement devenir des bêtes ! quasiment irrésistibles. Ça n'a même pas besoin d'être crédible, car la simulation suffit à la stimulation. Le tape-à-l’œil, ça tape dans l’œil ! en tout cas dans le mien, car j'avoue que j'étais (et le reste) vraiment (mais secrètement) émerveillé devant ce show magnifique étalant la puissance d'attraction masculine, avec ou sans accessoires, et même si le gars était épais comme le petit doigt – ce qui était le cas d'à peu près tous, à part tel grassouillet. À moi, il me plaisait aussi, le grassouillet. Il avait de la force – sans avoir besoin de montre.
À cet âge-là, lorsque mon corps menu fourmillait de sensations nouvelles, agité des soubresauts de la puberté, il m'arrivait régulièrement de me mettre nu. C'était d’abord un mode d'exploration secrète des mondes qui me définissaient, de l'intérieur vers l'extérieur (ou inversement) ; mais aussi (déjà) un penchant vers une sorte de transgression, sans que je puisse savoir de quoi. Juste, personne ne le faisait – à ma connaissance. Mais c'était surtout pour cette sensation de bien-être, de liberté, plus quelque chose que je n'aurais pas su expliquer. Aujourd'hui, je le peux : c'était la sensualité. J'étais heureux d'être dans cet état, pour moi-même et me sentant en harmonie avec tout ce qui était autour. Je trouvais ça beau. J'aurai voulu être vu ; non pas par un voyeur embusqué, mais par beaucoup de gens, des gens jeunes à qui cela aurait fait plaisir de me voir, se délectant de la grâce de mon corps d'éphèbe, sans rien qui le retienne ni ne contraigne sa liberté, d'être et d'agir. De fait, j'aimais bouger, en agitant les membres un peu exagérément, me regardant dans un grand miroir psyché, de face, mais aussi en me tournant pour voir mes fesses. J'aimais bien. Je le faisais assez souvent. Dans ma chambre, bien sûr, mais j'ai voulu pousser plus loin l'expérience, allant dans des lieux insolites, lesquels offraient plus d'excitation, comme au grenier, ou à la cave. En extérieur, dans la nature, et plus particulièrement les bois, comme un jeune faune, ou un lutin. Je ne faisais rien d'autre qu'être... être moi-même, mais en plus vrai, sans artifice. À force, j'ai voulu améliorer la pratique, cherchant des variantes, et celle qui s'imposa à mon esprit ce fut de ne pas le faire seul.
J'ai donc cherché à entraîner des camarades à cette pratique. Ce ne fut pas très difficile, car, à l'époque, la mode était aux défis – j'ignore si cela dure encore dans les collèges. Et donc j'ai proposé à deux de mes meilleurs potes d'aller marcher en caleçon dans un bois. Un seul aurait trouvé ça trop chelou, et plus aurait pu tout faire rater si l'un, réticent, avait fait renoncer les autres. Faire des choses en petite tenue était assez répandu pour les défis, et ça ne leur a pas posé de problème majeur. En revanche, un gars a été mis dans la confidence (pas par moi) et a voulu venir. J'ai pas osé dire non. Je ne le connaissais pas vraiment et il ne m'attirait pas spécialement. Bah, vu qu'il était volontaire, il n'allait pas causer de soucis. Et puis, qui sait, peut-être qu'il en avait une grosse ? On verra bien... j'espère ! Et donc, c'est à quatre que vous allâmes en vélo dans un petit bois de feuillus que je connaissais. Ce fut quand même un beau résultat de se retrouver, en sous-vêtements, à marcher exagérément en poussant quelques cris, comme une tribu de chasseurs primitifs. Bon, pour mes copains, j'avais déjà vu ces parties de leurs corps à la plage, mais leur chair claire se détachait autrement dans ce milieu sylvestre, plus sombre. Ça faisait plus d'effet de contraste, et c'est probablement à moi que ça devait en faire le plus, d'effet tout court. J'ai eu peur d'avoir une érection, mais non. Le jeu m'excitait plus en lui-même que les participants. Toutefois, je les matais en loucedé, surtout au niveau de la petite bosse, et ma sensibilité à les voir dans cet état et cet environnement finit par chauffer mon esprit et, dans un élan d'un courage insensé que je ne me connaissais pas, j'ai proposé, avec entrain : « Et si on enlevait tout ? »
Ils ont rigolé, et j'ai un peu forcé en leur disant que je l'avais déjà fait et que j'avais kiffé, et que c'était très marrant. Mon enthousiasme n'était pas feint, et son naturel les a convaincu, d'autant que j'ai ouvert le bal en me dénudant le premier. Au pire, j'exhausserai ce fantasme d'être nu au milieu de jeunes regards intéressés, voire concupiscents... Ceci dit, je me suis surtout dépoilé en espérant bien les entraîner à m'imiter. C'était un défi encore plus fort ! ce qui compte beaucoup dans l'esprit aventureux de jeunes garçons, avides de nouveautés et de se prouver qu'ils sont capables de surmonter nombre d'épreuves (initiatrices). La seule chose, c'est qu'on n'allait pas filmer... comme ça se faisait d'ordinaire, pour poster ensuite les vidéos de défis sur les réseaux. J'aimais bien en regarder. Ça m'excitait bien plus que du porno ! Je n'en avais maté qu'une fois, mais vite fait, arrêtant rapidement car ayant été dégoûté par ces gros corps d'adultes – des vieux d'au moins 25 ans ! très vieux, pour moi – qui faisaient des trucs dégueux avec pleins de bruits chelous. Beurk... J'aimais mieux des photos ; pas de nudes car il n'y en avait (heureusement) pas dans ma catégorie à ma portée, mais des gars du même âge en slip de bain, oui. Enfin, moi, c'était surtout les visages qui me faisaient de l'effet. Un gros plan sur une bouche avec un duvet sur la lèvre et des bagues sur les dents suffisait à me donner une érection ! Pareil pour les vidéos sur YouTube où je voyais mes congénères bouger, rigoler, dire des bêtises et en faire. Outre les défis, la mode était au parkour, et j'adorais les voir courir, sauter, se rattraper à des trucs, faire des saltos (autre mode), etc. Il y en avait plein en plus ! et j'avais mes favoris, à qui je regrettais de ne pouvoir mettre plus qu'un like. Des fois, j'osai lâcher un com... et des fois, le BG me répondait ! Même si c'était pas grand chose, ça me faisait un effet incroyable. C'étaient mes stars. Les seuls pour qui je vouais un culte. J'ai été voir, de temps à autres, si je retrouvais les vidéos de ces jeunes youtubeurs que je suivais à cette époque. Seulement, en grandissant, ils ont changé – ce qui est normal –, et probablement eu honte du pré-ado qu'ils étaient – c'est fréquent – et supprimé leurs vidéos, voire carrément leur chaîne ! dans la plupart des cas. Dommage... Pour devenir adulte, l'adolescent doit tuer l'enfant en lui.
Ma manœuvre d'incitation à m'imiter a fonctionné, et les voilà donc tous les trois qui baissent culotte à leur tour, en se marrant. Ce fut vite fait. Quelle belle sensation ! de se sentir tous ensemble, pareils, unis par ce qu'il y a de plus naturel possible, dans une nature belle, accueillante et protectrice – alors que l'on était dans un état des plus vulnérables. On ne faisait rien de mal, juste se promener un petit quart d'heure, dans le plus simple appareil – ayant gardé les chaussures... et les montres ! C'était nouveau et amusant. J'en ai des souvenirs de grand bonheur, sans trop comprendre pourquoi cela me faisait autant plaisir. Bien sûr, qu'on se regardait là où c'était habituellement caché. Dès le début. Je revois encore glisser les FreeGun – instant fatal ! –, comme un rideau de théâtre, sur une petite merveille... Les nouveaux poils du pubis formaient un panache de fierté virile, ciselé pour couronner de nobles attributs – pas encore royaux, pour les petits princes que nous étions, mais nous distinguant tout en nous unissant.
Le gars qui s'était invité s'est tripoté en marchant, pour bander, et nous l'a montré après, hilare, très fier de... sa blague. D'un mouvement de hanches, il la faisait valdinguer et taper sur les côtés, à gauche et à droite. J'adorais le son que ça faisait. On a beaucoup ri, et on a fait pareil, paradant la bite à l'air, bien raide et dressée avec fierté. Ça n'a évidement pas été plus loin et l'on est retourné à la normale ensuite, en se rhabillant, comme après la gym. Sauf que, en les regardant vêtus, je les revoyais nus, et avec la trique ! sans oublier les jolies fesses se dandinant...
Le nouveau venu devint un pote, et, un peu plus tard (un mercredi, jour propice), il me prit à part pour me demander quand est-ce qu'on allait recommencer ? J'ai dit que j'allai demander aux autres. « Laisse tomber. Y a qu'à y aller tous les deux. Disons cet aprème. T'en dis quoi ? » J'étais un peu perdu, ne sachant pas du tout si j'avais envie de faire ça juste avec lui. Je le répète : il ne me plaisait pas plus que cela et l'on n'était pas des intimes – même en connaissant de l'autre ce que tous les autres ne connaissaient pas... D'un autre côté, le fait qu'il soit plus un étranger qu'un ami était intéressant. Il y avait moins à se gêner et être gêné. J'ai donc dis oui, mais lui demandant alors de ne pas en parler aux autres : « Tu comprends... » Il comprenait, et n'en avait pas eu l'intention. À deux, c'est aussi plus spécial qu'à quatre, vu qu'il n'y a pas de témoins. Dans cette intimité, on peut tout se permettre... De fait, ce fut encore moi le premier tout nu – directement, sans passer par la case boxer –, et j'ai commencé à faire un peu le follet en dansant devant lui, en lui montrant bien mes petites fesses supposées être appétissantes. Elles devaient l'être, car il se marrait, mais pas sur le ton habituel ; tout comme son regard, qui était moins mutin et plus matois. M'avait-il deviné ? Probablement... avec un tel comportement. J'étais en outre l'instigateur de ces jeux naturistes, où le nudisme en était la particularité essentielle. Ça n'était pas que bucolique, car le but du stratagème était bien de mater des gars à poil. C'était l'objectif, mais, au départ, j'avais trouvé que c'était juste une bonne idée, sans raison particulière. Ça me plaisait, tout simplement, et j'imaginais donc, benoîtement, que ça devrait leur plaire aussi. Je l'ai plus et mieux senti, et compris, une fois que je les ai vus. Quel spectacle ! Qu'ils étaient beaux ces corps nus de garçons heureux de l'être... Et leurs fesses, et leurs parties génitales, ces endroits qu'on ne montrait jamais aux autres ! alors que c'était pourtant si beau et tellement agréable à regarder. J'étais bien naïf, je dois le reconnaître, pour ne pas dire assez niais. À ma décharge, on m'accordera que j'avais pris les choses en main pour me déniaiser... ce qui sera rapidement le cas, au sens propre.
Lui ne s'est pas déshabillé, et j'ai trouvé ça très intéressant aussi. La différence était stimulante à mort ! et j'ai redoublé dans l'intensité de ma parade érotique – si ce n'est amoureuse –, dansant parfois très près de lui. Ça avait l'air de lui plaire tout autant qu'à moi, même si lui le montrait moins, ne se départant pas de son énigmatique petit sourire. Je fus donc énormément surpris lorsqu'il m'a soudainement attrapé une fesse. Quel incroyable culot ! Et pourtant, je l'ai laissé faire en souriant. C'était la première fois de ma vie que ça m'arrivait... et en plus sans que je m'y attende. La surprise fut bonne, comme la sensation de ses doigts sur ma chair intime – j'en ai encore le frisson. Je n'avais aucune idée précise de ce à quoi m'attendre en réaction de mes manœuvres de séduction. Lui plaire, certainement, physiquement. Sans doute que cela aurait suffit à mon bonheur et à mon ego. Qu'il aime me voir, comme ça, faire ça, était déjà un résultat incroyable et une situation merveilleusement nouvelle, et merveilleusement merveilleuse... Mais bon, les garçons sont ce qu'ils sont, avec ce qu'ils ont, entre les jambes et dans la tête. Or c'est bien joli de les allumer, mais c'est jouer avec leur feu.
Il m'a un peu caressé, silencieux, tout en se caressant lui-même, certain que je n'allais pas lui opposer de résistance ; puis m'a dit d'un ton grave, à la fois naturel, mais aussi avec une pointe (piquante) d'autorité : « Bon, maintenant, c'est toi qui va me la rendre dure. » J'ai marqué un temps de surprise, puis compris rapidement qu'il fallait sauter sur cette occasion inespérée. Les garçons m'attiraient, en général, mais ce qui faisait qu'ils étaient des garçons, c'était encore une autre affaire, plus secrète, excitant grandement ma curiosité. Voir en vrai cette chose centrale dans mes obsessions avait déjà été très fort émotionnellement, mais la toucher... c'était vraiment passer à un niveau supérieur. Il n'y avait pas à hésiter ! Il a juste ouvert sa braguette et m'a dit : « Vas-y. » Genre le mec incroyable qui va même pas prendre la peine de sortir sa pine, qui me prend total pour son larbin – son larbite ! C'est lui qui fixe les règles et qui place la barre à la hauteur qu'il veut. À moi de m'adapter. Et c'est bien ce que j'ai fait, sans me poser de question, et j'ai plongé ! à commencer par ma main dans l'ouverture mystérieuse lui touchant d'abord les parties à travers le boxer. Je sais pas si tu l'as déjà fait, mais laisse-moi te dire qu'il faut avoir le cœur bien accroché... parce que tu réalises pas l’inouï de ce qui se passe, tout en le réalisant complètement ! Ça fait un remous du diable et rien ne t'attire plus que cette damnation. Deux couilles, une bite. Rien de plus, mais c'est suffisant pour te retourner complètement (les sens...). Et là, ton petit cœur, c'est direct au mec qu'il va être bien accroché. Qu'est-ce que je dis, « au mec »... c'est « ton mec » qu'il faut dire ! Car on a franchi une étape cruciale : le contact sexuel, lui avec sa main aux fesses, et avec la mienne à son paquet. Waw ! c'est dément. Et ce n'est pas fini...
J'ai rapidement glissé une main timide dans le boxer, y tripotant maladroitement ce qu'il y avait à tripoter. Le contact de son sexe et de ses bourses, peau contre peau, était une sensation ahurissante. Des formes très intéressantes, surtout quand sa teube a grossi et durci, assez vite ; très agréable au toucher, douce et chaude. Pour être plus à l'aise, je l'ai sortie complètement, et c'était bien mieux de la manipuler sans gêne. J'étais aux anges ! – qui donc ont un sexe... – et aurai volontiers fait plus, sans trop savoir quoi... Lui le savait, et il m'a dit : « Branle-moi. » Comme je restai interdit, tout nigaud, il a pris ma main qui tenait sa bite raide et a commencé le mouvement de va-et-vient : « Tu fais comme ça. » Il l'a enlevée après, pour me laisser faire, car c'est mieux s'il ne maîtrise pas le geste. Moi j'aimais bien avec sa main sur la mienne... mais bon, j'ai continué et c'était énorme ! Je ne parle pas de son sexe, mais de ce que je vivais. Je ne savais pas bien ce qu'on faisait, mais ça me plaisait au plus haut point de le faire.
Il n'avait pas pris un grand risque, ayant bien compris que j'étais pédé – lui sachant plus que moi ce que c'était. Après, au collège, on se traitait tous de « pédé » pour un oui ou pour un non, moi y compris, sans comprendre ou faire attention au sens exact. C'était comme pour : « bâtard », totalement déconnecté de la signification réelle. On disait le plus souvent l'un ou l'autre. Mais pour lui, un pédé, c'était un gars qui « faisait la fille » avec les garçons. Dit comme ça, faut reconnaître que ça fait chelou... Je me mets à la place des hétéros, c'est pas plus agréable qu'une meuf qui voudrait me renifler de trop près. Remarque, non, car je m'en foutrais. Mais moi je n'ai pas la virilité chevillée au corps ! et je ne suis pas en représentation permanente pour montrer à la terre entière que je suis un mâle alpha... un vrai de vrai ! Je n'étais pas efféminé pour autant, même si certains gestes, involontaires, plus forts que moi, devaient laisser soupçonner quelque chose. Mon gros point faible, ça reste la voix. Je ne m'en rends pas compte en parlant, mais si je m'écoute enregistré, je me dis que c'est pas possible ! Que ça se voit trop ! – ou plutôt que ça s'entend. J'en rougis, j'en ai honte. Encore aujourd'hui. Je ne sais pas pourquoi. L'autre le savait... pourquoi il pouvait tenter un truc. Il n'était pas gay, mais juste un ado pour qui ça démangeait trop entre les jambes et qui avait vu là une opportunité dont il pouvait tirer profit : l'occasion fait le larron ! Avec la pression, on est moins regardant : la fin justifie les moyens. Et comme il suivait son instinct de mâle, il avait pas peur et y avait été au culot, sans la timidité qui m'en aurait empêchée. Pourquoi se gêner ? Il était sûr de lui. Je te l'ai dit : c'est un mec ! On peut pas lutter...
Il n'était pas spécialement BG, mais j'aime bien les mecs ordinaires. D'une certaine manière, ça fait plus vrai. L’attachement peut être plus fort parce que moins artificiel – la beauté étant un modèle de l'artifice. J'ai aussi déjà parlé combien ce qui est habituellement considéré comme des défauts est pour moi plus des particularités, particulièrement intéressantes, et même séduisantes. Il y a sans doute une part de fétichisme là-dedans, mais ce sont des épices variées qui donnent un goût spécial et moins fade à la chair simplement appétissante. Et donc, déjà, je peux dire que je tenais à lui ; et plus je le tenais par la queue, plus je tenais à lui ! (et à sa queue). J'étais spécialement fasciné de voir son gland (assez rouge) apparaître et disparaître au gré des mouvements, hypnotisé, comme par le serpent du Livre de la jungle. Il me faisait peur quand j'étais petit, mais j'aimais bien regarder le DVD – version animée de Disney (2003) –, rien que pour Mowgli... qui me plaisait beaucoup. Lui aussi, il pouvait aller et venir à son gré dans la nature. Sauf qu'il avait un genre de slip à la con, et je me demandais bien pourquoi et comment... C'est pas logique. Bref, le réel que je vivais avait amplement comblé ce manque phantasmatique. Je le dis souvent, même si le réel n'est pas aussi parfait que dans nos rêves, il est toujours plus fort. Et l'imprévu, c'est un paramètre inimaginable !
Il a fermé les yeux, respirant un peu plus fort. J'aurais voulu que ce moment dure longtemps. Je pressais son sexe pour ne pas le lâcher, pour maintenir le contact direct et maximal entre cette chose banale, naturelle, et moi, plus spécial et plus contre-nature (comme ils disent). Je le tenais enfin, le secret des garçons ! celui qui fait qu'ils sont comme ils sont, si différents des filles, et qu'ils m'attirent. Bien sûr, je rêvais de me coucher avec l'un d'entre eux, nus, l'un contre l'autre. Je n'en demandais pas plus. Ça me semblait suffire. Ça peut, en effet. On peut aussi aller plus loin... Sans doute le pressentais-je, mais sans trop savoir comment. L'idée d'en embrasser un sur la bouche ne m'attirait pas du tout ! Ça me dégoûtait même. Mais, de le caresser : oui. Et que lui me caresse, aussi. C'était déjà considérable. Et là, c'était encore plus ! Je découvrais le sexe à deux. Lui avait du plaisir, et j'en avais à lui en donner. Ce n'était pas difficile. On devrait tous se le faire ! souvent, puisque tout le monde aime ça... Sauf qu'à un moment, il n'a plus aimé, et a vite repoussé ma main, changeant brusquement d'humeur : « Ça suffit ! Tu me fais mal. » Je ne lui faisais pas mal, mais il approchait du processus de l'orgasme. Une main étrangère, ça le stimulait beaucoup plus. Ça devait lui faire peur, l'intensité de cette étrange sensation. Avait-il seulement déjà éjaculé ? Voire avait-il du sperme ? On avait 12-13 ans. Oui, sans doute, et sans doute qu'il n'a pas voulu que je voie ça, que je le voie juter, avec son sperme sur mes doigts. Ça devenait trop pour lui. Il était pas pédé, quoi ! Quoi qu'il en soit, il a vite rangé et refermé tout ça, et s'est barré direct vers nos vélos. J'ai crié : « Attends ! » et ai failli rajouter : « Je te suce, si tu veux... » Je l'aurais fait. Je m'en fous. Dans l'état d'excitation où j'étais, j'étais près à tout. Lui non. Il a juste répondu : « Pas le temps ! » Lui aussi a failli rajouter : « pour tes conneries... » Mais bon, c'était les siennes aussi. Bref, il a ragequit sans un regard pour moi. Je l'ai regardé s'éloigner le plus vite possible, restant là un moment sans bouger, nu, inutilement. « Je m'en tape : j'ai eu ta bite. » J'étais triste, il avait gâché la fête. Et puis, j'ai pensé que c'était pas si grave, que j'en aurai d'autres ; plein d'autres... tous ceux que je voudrais ! car c'était facile. Pas besoin de te dire combien je me trompais.
Je n'étais pas à la recherche d'une aventure sentimentale, et encore moins de l'amour. Ça n'était pas dans mon champ mental, se bornant à l'amitié – très forte pour certains cependant. J'étais plus focus sur la phase de découverte de mes sensations, surtout par rapport aux autres, et ce qu'ils sont eux-mêmes, leur corps et leurs parties cachées, et ce qu'on pouvait faire avec. Ça n'était pas pour aller bien loin, juste voir, au moins, ce qui est déjà une performance ! car cela ne venait à l'idée de personne de s'exhiber. Contrairement à l'enfance, où l'on est moins regardant, la pudeur est grande au commencement de l'adolescence. C'est là aussi où l'on est plus curieux de savoir comment sont les autres, la plupart du temps pour se comparer. Tout le monde veut être normal, c'est-à-dire : pareil. Alors on se reluque, dans les vestiaires. C'est plus facile quand on se rhabille d'ailleurs parce qu'il y a à la fois une certaine excitation et un certain relâchement physique et mental, pour la même raison de l'effort accompli. Tout le monde est content, et ça déconne. C'est propice à des occasions de voir ce qui ne se montre pas. Mon intérêt, dans cette affaire, était en premier lieu de me rincer l’œil. « Toi je t'ai vu ! Toi aussi. Toi, pas encore, mais j'aimerai bien (et je l'imagine). » Voilà ce qu'étaient mes pensées. Mais, ces furtives apparitions étaient toujours comme des flashs, et je ne pouvais pas non plus bien me positionner pour voir – ça se serait vu. Rester assis, c'était le mieux. Tu peux faire mine de baisser la tête et reluquer par en dessous. Mais bon, même si je repartais souvent bredouille du vestiaire, j'avais au moins bien profité de l'ambiance, avec les cris des jeunes mâles, leurs gesticulations, leur odeur. J'ai à nouveau rêvé d'être nu au milieu d'eux, de leurs rires gras (ou aiguës), de leurs moqueries, voire leurs insultes, mais surtout de leurs regards, me détaillant de partout, s'intéressant, et en particulier à mes fesses. Et leurs propos changent, deviennent plus salaces, vulgaires, grossiers. Ils s'excitent de plus en plus ! et c'est moi qui les excite... Alors il y en a un qui me donne une claque sur le cul, et les autres s’esclaffent, et d’autres font pareil, et d'autres ne font que toucher, palper, en faisant des : « Hummm... ça m'a l'air bon ça. » J'en ai repéré qui bandent.
La suite se perdait dans mon trouble fantasmatique, n'ayant pas les références pour continuer. Tout juste pouvais-je envisager qu'untel ou untel me mette un doigt, car je me le faisais moi-même assez régulièrement, trouvant ça très agréable. J'aurai bien aimé aussi les toucher... les tripoter, juste comme ça, parce que ça devait être également très agréable – peut-être plus ? –, et émotionnel. Toucher un gars à cet endroit ? Oublie... Et c'est bien pourquoi j'y pensais beaucoup. Aucun ne l'aurait jamais permis. « Eh, chuis pas d'ta race ! » entendais-je des fois, si un pelo avait eu un comportement accidentellement équivoque. Il fallait rester prudent. Après, si tu te retrouves catalogué de pédé, c'est fini pour toi, tu n'as plus de copain, t'es un paria et tu te fais harceler. Remarque, cela s'est su pour moi, l'année d'après, en quatrième, et ça n'a pas été bien grave. Un sujet de conversation, pendant quelques temps, mais ça s'est vite calmé. Faut dire aussi que j'étais dans le privé, et que c'est nettement moins mouvementé. De toute façon, j'avais plus de copines, qui elles me soutenaient. Et comme les mecs voulaient se faire bien voir par elles, ils ne m'ont pas embêté. J'étais un peu considéré par certains – les plus lourds – comme un genre de fille ; ça passait mieux dans leurs esprits simplistes où tout doit être catégorisé.
Ce jour de l'aventure dans les bois, une fois rentré chez moi, je me suis fait pareil, trop excité par ce que j'avais vécu. J'ai imaginé qu'untel ou untel me le faisait, et que je leur faisais aussi. Et lui aussi, le garçon du réel, il était là, en bonne place dans cette rêverie érotique, quand même, malgré tout. Et il bandait sa mère ! fallait voir ça... Même avec son boxer, ça faisait une bosse impressionnante ! qui disait que c'était un vrai mâle, avec ses besoins, ses désirs... qui pour moi étaient des ordres. Et il avait son petit sourire supérieur et vicieux en me tournant autour, me détaillant sous toutes les coutures. Et moi j'étais fier de lui faire de l'effet. Il a alors avancé sa main, sa main avec sa grosse montre au poignet, qui donnait l'heure de mon sacrifice sur l'autel de son plaisir, pour la simple raison que c'était bien un mec, fort et puissant comme un homme. Et il l'a posée sur mes fesses... Ça m'a fait tressaillir, en mode : « c'est à toi, je suis à toi... » Il a caressé, tranquille, sûr de sa possession, comme si c'était normal, puis il a plutôt palpé, en malaxant la matière fessière. J'avais l'impression (délicieuse) d'être un esclave dans marché antique, à Rome, avec des gens raffinés, ou chez de terribles Barbares ! vulgaires et brutaux. Et une claque est partie ! puis une autre, et d'autres... Ça faisait un peu mal au derrière quand même – je me faisais la même chose en vrai, tout en me masturbant –, mais c'était pour la bonne cause (mdr). Je grimaçais, lui en souriait. Et les caresses ont repris, tapotant aussi mon sexe, plus par jeu que par intérêt, car il était vraiment très concentré sur mon cul. Ça ne me dérangeait pas ; au contraire. Instinctivement, je l'ai un peu cambré en arrière, en tâchant d'écarter de moi-même (sans les mains), pour m'offrir à son désir, car du désir, il en avait un max ce pédé d'hétéro !
Il a sucé un doigt, et me l'a enfoncé, et l'a remué, dedans, et ça m'a fait chavirer, mes genoux pliant, mon corps se tordant, et, toujours derrière moi, j'ai senti son haleine tiède sur ma nuque, sa présence incontournable de garçon, de garçon éprouvant une irrésistible envie de posséder mon corps, tout entier ou en partie, celle qui suffit à son bonheur, tandis qu'une partie de son propre corps s'en trouve transformée, pour être apte à ce à quoi elle est destinée. Et je le sais, je le ressens, avant de le sentir vraiment, comme je ne l'ai jamais senti. Et je suis prêt. Dans cet orage de trouble sexuel, je l'accepte ! Et tout ce qu'il voudra, je le voudrai aussi. Mon oreille alors perçoit le timbre de sa voix, légèrement voilée, sa voix que j'ai déjà entendue sans y prendre garde, et qui cette fois est toute différente, parce que c'est celle de celui qui s'apprête à faire ce qui ne se fait pas. Il a simplement murmuré : « Maintenant... » et je n'ai pas compris la suite, car c'était très bas, à peine articulé. J'en étais sans dessus dessous, sans pouvoir lui demander de répéter ; ce n'était pas possible. Alors j'ai spontanément tenté de supposer ce qu'il avait voulu me dire, mais il ne restait que son souffle dans mon cou, et son doigt à l'intérieur, et moi qui ne savait plus ni ce que je pouvais faire, ni même qui j'étais. Et là, dans ma chambre des secrets, je me suis recroquevillé par à-coups, pris de spasmes, et j'ai lâché en solitaire mes deux-trois premières petites giclées de sperme.

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